Le cimetière des poupées
J'attaque un peu fort avec mon titre aujourd'hui...
Il s'agit du dernier livre que j'ai lu :
Effectivement, le titre n'est pas particulièrement attractif, surtout lorsque l'on sait qu'il ne s'agit pas d'une probable blague potache d'héroïne de Chick Lit, mais bien de la confession fictive d'une infanticide...
Pourtant j'ai eu la curiosité de le lire, et cela pour plusieurs raisons. D'abord Mazarine Pingeot
. J'avoue que j'admire beaucoup cette femme. Je l'ai découverte lorsque nous étions toutes les deux adolescentes, quoiqu'elle soit un peu plus âgée que moi. D'ailleurs, toute la France la découvrait en même temps, lorsque des journalistes ont révélé son existence au grand jour. Je ne comprenais pas vraiment la raison de ce battage médiatique sur "la fille cachée du président", ça me paraissait et ça me paraît toujours d'une inutilité affligeante... Comme si la vie privée chaotique ( et non punissable par la loi ) d'un homme "privé" pouvait avoir une quelconque importance sur l'action politique d'un Homme d'Etat ! Pour moi c'était du Voici déguisé, du Voici hypocrite qui se cachait sous les traits de la "Vérité à dire aux Français".
Bref, j'avais de la peine pour elle de la voir ainsi pourchassée, montrée du doigt, mise en lumière bien malgré elle, alors...
Et puis, on la revoyait épisodiquement, on apprenait ses réussites d'étudiantes, et finalement, on la retrouvait écrivain, critique, chroniqueuse, journaliste radio... En la voyant s'exprimer à la télé et faire son travail, j'ai été séduite. Par son intelligence, par sa finesse d'analyse, et une certaine honnêteté intellectuelle, toujours sans méchanceté.
J'ai donc commencé à lire ses livres, et j'ai été touchée. Dans Bouche Cousue elle m'a émue, en racontant son parcours de fille du secret, élevée comme telle. J'ai retrouvé des éléments de mon enfance, auprès de parents qui nous demandaient de cacher tout ce qui se passait dans notre maison...
Ainsi, à chaque sortie de livre, je suis aux aguets, curieuse et heureuse...
Pour Le Cimetière des poupées, je me suis dis : "Mais quelle drôle d'idée pour une maman d'écrire en faisant parler une infanticide !", et pourtant j'ai voulu savoir... Savoir comment elle voulait traiter le sujet, comment elle allait nous présenter cette femme, et savoir si elle ne commettrait par l'erreur, pour moi, de faire excuser cette mère...
J'ai commencé le livre avec crainte : je ne voulais pas être prise en otage et ressentir, bien malgré moi, de l'empathie pour la meurtrière...
Ça n'a pas été le cas. Cette femme se dévoile, raconte sa vie, prise dès l'enfance dans des relations perverses sado-masochistes, d'abord avec sa mère, puis avec son époux... Ces relations de soumission l'ont conduite, par le biais d'une logique, tout à fait compréhensible dans le roman, et heureusement non excusable, à commettre l'indiscible, acte toujours évoqué avec retenue ( heureusement encore, je ne voulais surtout pas être témoin des détails ).
Pour moi, c'est un livre réussi. Né de l'invention d'un auteur, qui n'a pas pour vocation à relater la logique psychiatrique véritable de l'infanticide du monde réel. Ce qui a pourtant été reproché à Mazarine Pingeot, et qui est pour moi d'une logique absolue : la littérature n'est pas la vie, ni du journaliste. Elle est fiction, c'est le pacte avec le lecteur.
Je continuerai à accorder ma confiance de lectrice à Mazarine Pingeot...
Et pour en savoir plus sur ce livre vous pouvez voir la présentation Julliard , et une interview de l'auteure.